Chez les enfants un port de lunettes permet de prévenir les strabismes et les amblyopies.
80% des informations utilisées par le cerveau proviennent de la vision.
3 consultations sur 10 pour demande de lunettes sont l’occasion de découvrir une pathologie de la vision.
L’ophtalmo pédiatrie concerne les pathologies visuelles retrouvées chez les enfants de la naissance jusqu’à l’âge de 12 ans, ce qui correspond à la période de développement et de la mise en place des capacités visuelles pour toute la vie.
A sa naissance, l’enfant a une acuité visuelle de 1/10.
C’est parce qu’il utilise ses yeux,
qu’il pourra progressivement voir jusqu’à 10/10éme de loin et de près,
acuité qu’il atteint entre l’âge de 4 et 5 ans.
L’acuité visuelle chez les enfants progresse très vite grâce à la plasticité cérébrale
qui permet les acquisitions et les progrès fulgurants de la petite enfance.
Aussi, il peut être nécessaire d’accompagner ce développement avec une prise en charge médicale d’anomalies oculaires
et/ou réfractives (avec des lunettes) qui pourraient entraver cette maturation.
1 enfant sur 8 présente une anomalie visuelle.
La première visite peut être effectuée entre 12 et 18 mois,
et en cas de points d’appels dès la naissance
Quelques repères
Les urgences chez les tout petits
Un reflet blanc dans la pupille (= la leucocorie), une impression d’œil gros qui larmoie et/ou qui perd de sa transparence, nécessitent un avis médical urgent.
Les conjonctivites unilatérales récidivantes des bébés de moins de un an
Les larmoiements d’un seul œil depuis la naissance avec sécrétions récidivantes voire conjonctivites récidivantes correspondent à une immaturité des voies lacrymales. Avec la croissance du visage, cela va disparaitre spontanément avant l’âge de 1 an, dans plus de 70% des cas.
Un nettoyage des secrétions lacrymales de l’oeil concerné avec du sérum physiologique (plusieurs fois par jour, si nécessaire) est le traitement avant un an. Les traitements antibiotiques restent l’exception.
Les strabismes
On estime que 2 à 3%
de la population générale sans distinction de sexe présente des strabismes.
On dit qu’un enfant présente un strabisme quand les deux yeux ne regardent pas la même chose en même temps : un des deux yeux vous fixe pendant que l’autre regarde soit vers le nez
(strabisme interne ou esotropie), soit vers l’extérieur (strabisme externe ou exotropie).
Un strabisme intermittent est possible avant l’âge de 4 mois.
Tout strabisme permanent dès la naissance, ou même intermittent après l’âge de 4 mois nécessite un avis spécialisé.
Les strabismes se déclenchent le plus souvent entre l’âge de 6 mois et de 3 ans et demi.
Le port continu des lunettes permet le plus souvent d’améliorer la déviation de l’œil strabique et l’acuité visuelle.
Un strabisme peut entrainer une amblyopie qui devra être traitée (voir ci-dessous).
Le strabisme nécessite toujours un port constant des lunettes pour éviter l’amblyopie.
Les strabismes peuvent nécessiter un traitement chirurgical.
LES amblyopieS
3 à 5% de la population générale est touchée par l’amblyopie.
Cela représente 200 000 enfants de moins de 6 ans en France.
Un dépistage obligatoire est réalisé entre l’âge de 3 et 4 ans par la PMI à l’école.
L’amblyopie résulte d’une pathologie empêchant le bon développement de la vision dans l’enfance.
Elle est caractérisée par une vision faible d’un œil malgré le port de lunettes adaptées.
On distingue classiquement les causes fonctionnelles (strabisme ou anisométropie)
et les causes organiques (anomalie anatomique, par exemple cataracte congénitale).
La prise en charge des amblyopies nécessite un traitement que l’on peut diviser en trois grandes périodes :
D’abord, un traitement d’attaque :
- Une fois la cause organique sous-jacente éventuelle traitée (opération de cataracte par exemple) et
- une correction optique adaptée portée (= lunettes portées en permanence),
- le traitement initial de référence est l’occlusion de l’œil dominant par un cache adhésif collé sur la peau afin de stimuler le développement visuel de l’œil faible. Ce traitement peut durer quelques semaines
Ensuite, en traitement d’entretien, en relai, pour éviter la récidive : l’occlusion partielle (quelques heures par jour), les filtres Ryser sur les verres de lunettes et les pénalisations optiques.
Enfin, une surveillance prolongée jusqu’à l’âge de 12 ans (à fin de la 6ème), au moins tous les 6 mois.
Un dépistage précoce de l’amblyopie est recommandé entre 9 mois à 1 an dans les situations à risque :
- familles dans lesquelles les parents ou les frères et sœurs ont porté des lunettes et/ou un cache œil avant l’entrée en CP,
ou développé un strabisme, - prématurité ou troubles du neuro développement.
Le premier traitement de l’amblyopie est le port des lunettes et la recherche d’un strabisme.
Attention : L’amblyopie est irrécupérable si le traitement est trop tardif. On considère qu’après l’âge de douze ans les chances de réussite sont faibles. Les traitements mal suivis aboutissent à des échecs partiels ou complets.
Une prise en charge par l’ophtalmologiste et l’orthoptiste est indispensable de façon précoce et prolongée.
La coopération étroite des parents est fondamentale pour faire accepter par l’enfant les traitements prescrits.
Freination de la myopie
Qu’est-ce que la myopie?
La myopie est connue comme un défaut de la vision qui rend la vision de loin floue.
En fait, on distingue trois familles de troubles de la vision, dits troubles réfractifs: la myopie, l’hypermétropie et l’astigmatisme. Ils sont corrigeables par le port de verres correcteurs.
Schématiquement, on peut les expliquer par une inadéquation de la taille du globe oculaire, qui, anatomiquement, peut être comparé à une balle de ping-pong.
Si l’œil est de la bonne taille, on dit qu’il est emmétrope: il y voit bien de près et de loin sans effort.
Si l’œil est trop petit , on dit qu’il est hypermétrope:
C’est évidemment le cas chez les petits enfants (petits pieds, petites mains, et petits yeux), et cette hypermétropie s’améliore progressivement pour permettre d’obtenir un globe oculaire de taille normale dans le courant de l’adolescence, au collège ou au lycée.
En attendant la fin de la croissance du globe oculaire, les enfants peuvent forcer sur l’hypermétropie dans une certaine mesure.
L’hypermétropie n’est donc corrigée que si elle engendre une baisse d’acuité visuelle pour l’âge, un strabisme ou une amblyopie, des céphalées ou des troubles orthoptiques. Le cas échéant, des verres convexes sont prescrits.
Si l’œil n’est pas rond comme un ballon de foot, mais plutôt en forme de ballon de rugby, on dit qu’il est astigmate:
L’astigmatie peut être responsable d’une baisse d’acuité visuelle de loin et de près, et/ou de céphalées. Elle doit alors être corrigée par des verres cylindriques qui corrigent dans l’axe de l’astigmatie. Le cas échéant, on pourra aussi envisager la chirurgie réfractive.
Si l’œil est trop grand, trop long, on dit qu’il est myope:
La myopie est donc due, dans le cas le plus fréquemment retrouvé, à une croissance anormale et excessive du globe oculaire.
Plus la myopie débute jeune dans la vie, plus elle risque d’être sévère. En effet, la croissance de l’œil dure jusque vers 20-25 ans et la myopie évolue donc le plus souvent jusqu’à cet âge.
Son diagnostic est facile, en constatant une baisse d’acuité visuelle de loin à confirmer avec un examen de la réfraction sous cycloplégie, obtenue par l’instillation de collyres spécifiques (Skiacol, Atropine 0.3%…).
Elle est corrigée par le port de verres correcteurs concaves, sous forme de lunettes ou de lentilles.
Quand la myopie aura cessé d’évoluer depuis plus de 2 ans et après la majorité, on pourra demander un avis auprès d’un chirurgien réfractif afin d’envisager, si cela est possible, d’opérer la myopie.
Nous allons détailler les facteurs de risques, les causes, les traitements de la myopie et sa freination ci-dessous.
Epidémiologie de la myopie
La myopie était connue jusqu’aux années 2000 pour atteindre entre 20 et 25% de la population générale. Elle débutait le plus souvent à partir du collège ou du lycée et connaissait un pic chez les jeunes étudiants.
Cependant, on assiste actuellement à une épidémie mondiale de myopie sévère, en particulier en Asie, dans une moindre mesure aux USA. C’est maintenant l’Europe qui est concernée.
La myopie forte se définit par une réfraction au-delà de -6 dioptries et une longueur axiale supérieure à 26 mm (plus de 4 mm supérieure à la longueur axiale normale).
Sa prévalence augmente elle aussi rapidement, en particulier en Asie.
En plus du trouble réfractif nécessitant le port constant d’une correction, l’allongement du globe oculaire augmente significativement le risque de cataracte, glaucome, néo vaisseaux rétiniens, déhiscences rétiniennes et décollements de rétine.
Les facteurs de risques et causes de la myopie
Le premier facteur de risque de la myopie connu est le facteur génétique.
Le risque de devenir myopie est augmenté si les deux parents sont myopes. Il existe aussi des gênes connus de myopie forte.
D’autres causes existent, qui nous échappent mais il apparait clairement que le mode de vie et les facteurs environnementaux jouent un rôle important dans cette épidémie de myopie.
L’exposition quotidienne à la lumière naturelle dehors dans des espaces vastes (parcs, rue, parcs et jardins…) au moins 2h par jour toute l’année a prouvé son rôle protecteur dans la prévention de la myopie.
Rose et coll. Outdoor activity reduces the prevalence of myopia in children. Ophthalmology 2008 115: 1279–1285).
Dirani et coll. Outdoor activity andmyopia in Singapore teenage children. Br J Ophthalmol2009; 93: 997–1000).
Les activités visuelles en vision de près prolongée sont un facteur de risque de déclanchement et d’aggravation de la myopie : lecture prolongée, exposition aux écrans ( tablettes , smartphone, ordinateurs ou console de jeux…), travail scolaire …
Il est donc recommandé pour tous de respecter la «règle des trois 20» lors de toute activité visuelle en vision de près ( > 40 /50 cm)
Les mesures de prévention sont à appliquer toute la vie.
Les traitements freinateurs se conçoivent, à ce jour, de l’apparition de la myopie jusqu’à la fin de la croissance de l’œil.
La freination de la myopie
Aujourd’hui, il est possible de proposer des traitements qui vont permettre de ralentir d’un peu plus de la moitié la vitesse d’évolution naturelle de la myopie.
Aucun des traitements dits freinateurs de la myopie ne permet de faire régresser la myopie.
Nous réalisons un suivi régulier de nos patients tous les 6 mois en consultation afin d’évaluer l’efficacité des traitements et éventuellement les ajuster.
Les indications : il est important de mettre en place un traitement freinateur dans certaines situations :
- Plus la myopie commence jeune, puis elle évoluera longtemps et risquera d’être forte
- Plus il y a des cas de myopie dans la famille (parents, fratrie en particulier)
- Lorsque les deux parents sont myopes, l’enfant a une chance sur deux de le devenir
- Lorsque seulement un des deux parents est myope, il a une chance sur trois de le devenir.
- Si aucun des deux parents n’est myope, l’enfant peut le devenir dans un cas sur quatre.
- Plus la myopie évolue vite (plus de 0.5d par an)
Les objectifs des traitements freinateurs :
- Eviter la myopie forte (myopie >5 dioptries) qui s’accompagne de complications oculaires plus complexes que des problèmes optiques : cataracte, glaucome, déhiscence rétinienne ou décollements de rétine, maculopathies…
- Se donner le plus de chances possible de pouvoir être opéré de la myopie à l’âge adulte quand la myopie sera stabilisée.
Tout d’abord, ce qui ne marche pas :
- la sous-correction de la myopie ou le port intermittent des lunettes
- le port de lentilles rigides pour corriger la myopie
- les verres progressifs
- la pratique de sports ou d’activités de plein air une fois la myopie installée ne permet pas de ralentir son évolution…
Les traitements freinateurs de la myopie sont de deux familles
- Soit des traitements optiques
- Soit des traitements médicamenteux sous forme de collyre.
Vous pouvez télécharger ici la fiche d’information
de la société française d’ophtalmologie sur la freination de la myopie
Les traitements optiques : Le collyre à base d’Atropine dosée à 0,01% (ou 0,05%)
1 goutte par jour, le soir (fiche explicative)
Il est à noter que ce collyre ne pique pas, qu’il ne rend pas la vision floue et qu’il ne dilate pas la pupille!
Ce collyre est, à ce jour, pris en charge par la sécurité sociale.
Il n’est pas commercialisé dans les pharmacies de ville, mais fabriqué par la pharmacie hospitalière de l’Hôtel Dieu à Paris (Pharmacie Hôtel Dieu Tel : 01.42.34.88.88 Mail : htd-collyres@aphp.fr).
Cristelle, notre secrétaire, vous aidera à faire la première commande. Vous devrez ensuite recommander chaque mois, par mail votre flacon pour le mois suivant. Il vous sera adressé dans un colis chaque mois à votre domicile ou dans votre pharmacie de famille.
Le collyre que nous vous proposons, à base d’Atropine à la concentration de 0.01% (voir 0.05% dans certaines situations) est d’ailleurs déjà commercialisé en Asie pour la freination de la myopie évolutive.
Des résultats très encourageants, dans plusieurs études scientifiques ont été constatés :
« L’atropine 0.01% réduit significativement la progression de la myopie infantile. » Clark et al. J Ocul Pharmacol Ther. 2015 Nov.
« Un important pas en avant dans la prévention de la myopie : Atropine à faible dose. » Morgan et al. Ophtalmology. 2016 Feb.
« A plus de 5 ans, les collyres d’atropine à 0.01% ont été plus efficaces pour ralentir la progression de la myopie. » Chia A et al. Ophtalmology. 2016 Feb.
Les effets indésirables constatés en Asie sont mineurs : très légère dilatation de la pupille <à 1mn et perte légère d’accommodation compensée par le port de lunettes.
« L’atropine 0.01% a causé une dilatation pupillaire minimale (0.8 mn), une perte minimale d’accommodation (2-3D) et aucune perte d’acuité visuelle de près comparée à des doses plus élevées. » Chia A et al. Ophtalmology . 2016 Feb.
« L’atropine 0.01% a des effets secondaires minimes comparé à l’atropine à 0.1% et 0.5%, et conserve une efficacité comparable dans la progression de la myopie. » Chia A et al. Ophtalmology. 2012 Feb.
Les traitements optiques
Il existe trois types de traitements optiques freinateurs de la myopie :
soit des lentilles de nuit (Orthokératologie),
soit des verres de lunettes avec des verres freinateurs (HOYA ou Stellest)
soit des lentilles de jour.
Les lentilles de nuit
Les lentilles de nuit permettent un remodelage cornéen, appelé orthokératologie.
Les lentilles d’orthoK portées pendant le sommeil exclusivement et quotidiennement permettent d’y voir dans la journée sans lunettes et de freiner la myopie.
C’est ce traitement qui a permis de découvrir que la correction de la myopie sur le pôle postérieur et en périphérie rétinienne ralentissait la progression de la myopie.
C’est la méthode historique de référence, qui a permis de découvrir la défocalisation myopique périphérique.
C’est la seule méthode de freination de la myopie qui permet de s’affranchir de toute correction optique (lunette ou lentilles) durant la journée. Elle est tout particulièrement conseillée pour les sportifs (en particulier les sports nautiques et de contact), et pour tous ceux qui ne veulent plus porter de correction.
Cette méthode nécessite environ 4 à 5 consultation d’adaptation qui sont réalisées au cabinet les jeudis. Un port toutes les nuits est nécessaire pour que l’efficacité visuelle et freinatrice soit garantie.
Sur le plan financier, ces lentilles annuelles coutent environ 150 euros chacune et entre 15 et 20 euros de produits d’entretien par mois est à prévoir. La première année, les 4 à 5 consultations d’adaptation des lentilles aux yeux de votre enfant et à sa vue seront facturées 300 euros. Seule votre mutuelle (et non la sécurité sociale) pourra participer à ces frais.
Les verres de lunettes freinateurs de la myopie
Les verres de lunettes freinateurs de la myopie permettent une défocalisation périphérique qui est responsable d’un ralentissement de la vitesse de progression de la myopie de plus de moitié.
Ces verres sont commercialisés depuis
- fin 2020, par HOYA , les verres Myosmart
- début 2021, par ESSILOR, les verres Stellest
Plus onéreux que les verres correcteurs classiques de la myopie (environ 180 euros par verre) ils doivent être portés le plus possible et en tout cas plus de 10h par jour.
Ils doivent être bien centrés et donc contrôlés régulièrement par l’opticien, afin d’être le plus efficace possible.
Verres Myosmart
Verres stellest
Il existe aussi d’autres verres freinateurs de la myopie, plus récemment commercialisés
Par Zeiss : MyoVision ACE
Par Ophtalmic : MyoRelax.
Les lentilles de jour
Enfin il existe des lentilles souples de jour freinatrices de la myopie :
- Par Précilens, les lentilles sur mesures Pré Amyopic
- Par Coopervision , les Mysight 1day
Leur mécanisme d’action mime celui de l’ortho-kératologie, en créant une défocalisation en moyenne périphérie rétinienne.